Découverte de fresques religieuses

Publié le 20 octobre 2025 à 18:23

De manière épisodique, mais jamais sans émotion, des murs séculaires, des cryptes oubliées, des lieux de culte (églises catholiques, temples protestants...) que l’on rénove sont autant d’occasions de découvertes de fresques religieuses.

Ces révélations, souvent non préméditées, nous permettent d’appréhender avec plus d’acuité notre histoire culturelle et spirituelle et sont des témoignages vibrants sur la foi et l’art des siècles passés.

C’est ainsi que dans une église du sud de la France, le retrait d’un badigeon datant du XIXe siècle a permis de révéler une Vierge allaitante et une scène de la Crucifixion médiévale dissimulées depuis des siècles.

Plus récemment, c’est à l’occasion de la rénovation du Petit Temple (un lieu de culte protestant situé au cœur de la ville de Nîmes) qu’une fresque fut mise à jour.

voûte du Petit Temple de Nîmes

Art religieux et témoignages du passé

C'est à l'occasion d'une visite de chantier, dans le cadre de la rénovation de l’église Sainte-Marie d’Espira-de-Conflent (une commune française des Pyrénées-Orientales) que Roger Paillès, le maire du village, repère sous un badigeon de chaux le détail d'une fresque murale. Il demande aux artisans qui travaillent dans l’alcôve de Saint-Matthieu de gratter la croûte, ce qui permet de mettre à jour la silhouette d'un personnage. Le maire d’Espira-de-Conflent contacte sans attendre la Drac – Direction Régionale des Affaires Culturelles – qui va confirmer rapidement l’intérêt historique de la fresque religieuse.

Une première phase de restauration est menée, afin de retirer les couches successives de peintures qui ont recouvert la fresque et la révélation finale confirme la valeur inestimable de ce qui est révélé. Les experts confirment l'origine médiévale de l'œuvre qui est composée de trois chapitres mettant en scène des personnages sans auréoles, une Vierge allaitante et une crucifixion. Vraisemblablement réalisée au début du XIVe siècle, la fresque occupe un mur entier de l'église qui fut consacrée en 1145 et complète le patrimoine du lieu déjà composé d'une vierge reliquaire de la fin du XIIe siècle et d'un ensemble d’œuvres baroques. 

Petit Temple, mais grand par le passé...

Le Petit Temple de Nîmes, situé rue du Grand-Couvent et voisin de la Maison du protestantisme, fut également le lieu d'une découverte fascinante.

Cet édifice emblématique de la culture protestante et proche de la Maison Carrée méritera prochainement la même attention que les autres monuments de la ville, célèbre pour ses arènes et ses vestiges romains, son Jardin de la Fontaine ou son musée de la romanité. En effet, c'est à l'occasion de travaux de rénovation menés dans le cadre de la création du Carré protestant qu'une fresque fut découverte par hasard. 

Temple protestant et origine catholique

L'histoire du Petit Temple débute avec l'installation des Sœurs Ursulines à Nîmes, une confrérie monastique chargée de l'éducation des jeunes filles au XVIIe siècle. L'édifice, connu de nos jours sous le nom de Petit Temple n'est autre que l'ancienne église ou chapelle du couvent des Ursulines. C'est la Révolution française, avec la confiscation des biens du clergé, qui va bouleverser l'histoire de ce lieu. En 1791, le couvent et sa chapelle sont saisis comme biens nationaux, avant que les protestants nîmois se proposent d'acquérir l'édifice religieux en 1793 (lorsque la liberté de culte fut rétablie). 

De nos jours, le Petit Temple est la propriété de l'Église protestante unie de France et continue de servir de lieu de culte à la paroisse du centre-ville. L'Église protestante unie de France a placé, au cœur du projet Carré protestant, le Petit Temple, en menant une rénovation de ce lieu inscrit au titre des Monuments historiques d'un montant de 1,5 millions d'euros. Une fois les travaux achevés, le Petit Temple pourra accueillir dans un lieu modernisé et confortable des événements religieux, culturels et artistiques :

  • Conférences : le Petit Temple sera équipé d'un matériel audio et vidéo de dernière technologie pour un confort visuel parfait ;
  • Concerts : la volonté du Carré protestant est de proposer à travers le Petit Temple une véritable salle de concert dotée d'équipements audio au service du public et des artistes ;
  • Expositions : la modularité du Petit Temple en fera un lieu de culture ouvert à tous, permettant l'organisation d'expositions et la promotion d'artistes contemporains.

Proposition de reconstitution du décor XVIII - Petit Temple - Carré protestant

Histoire de la fresque du Petit Temple

Révélée durant les travaux de rénovation du Petit Temple, qui est destiné à devenir un lieu important du projet Carré protestant, une fresque et des décors datant du XVIIIe siècle ont été révélés. La fresque d'origine entourait le buffet d’orgue (créé en 1750) comme le montre l'illustration réalisée par Anne Rigaud, l'experte missionnée par la DRAC pour étudier les éléments rescapés du décor d'origine. L'aspect le plus original de la fresque du Petit Temple est le trompe-l'œil (ou architecture feinte) qui structurait l’élévation Ouest de ce qui était autrefois la chapelle du couvent des Ursulines. Elaboré au XVIII e siècle, c'est-à-dire dès l’origine de la construction (1714-1715), ce décor est surmonté d’un thème solaire rayonnant évoquant la divinité. Son état de conservation est notable malgré un bûchage intempestif et sa qualité picturale indéniable.

La fresque du Petit Temple est faite d’une peinture mate dont la technique reste à définir, représentant des motifs architecturaux : vitrail en trompe l’œil, consoles, ornements. La qualité picturale de la fresque religieuse est indéniable, tant le support et les détails picturaux ont été réalisés avec soin. Les éléments décoratifs ont été peints avec un savoir-faire certain pour valoriser ce lieu de culte et faire ressembler le fond du décor à du marbre.

Comme évoqué précédemment, le thème abordé en partie supérieure représente un séraphin et un soleil semblant annoncer la gloire de Dieu le Père. On peut donc se satisfaire que, dans le cadre du projet du Carré protestant, une telle fresque ait été mise à jour. Elle sera en partie visible par les visiteurs et les touristes, dès la réouverture de ce qui sera le Temple du Carré protestant, des visiteurs qui pourront de surcroît profiter des autres atouts (la voûte et le buffet d'orgue) de ce lieu qui accueillera des spectacles et des concerts programmés dans le cadre de l'activité culturelle et spirituelle portée par le Carré protestant.

Soutenir le projet Carré protestant !

Si 1,5 millions d'euros ont déjà été investis dans la rénovation du Petit Temple, le Carré protestant est un projet plus global de refonte d’infrastructures d'accueil déjà existantes. Notre objectif est d'opérer la jonction entre un lieu de culte modernisé et confortable et un espace dédié à des missions culturelles, sociales et associatives. Le Carré protestant a besoin de 300 000 euros pour finaliser le financement de ce projet inédit qui permettra de disposer d'un outil voué au partage des idées, des initiatives et des missions humanistes.

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